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Plus de la moitié des Marocains n'ont pas de régime de retraite, alors que les déficits sont annoncés pour 2028

Économie de l'Est

Les systèmes de retraite du Maroc sont confrontés à une véritable crise, plus de la moitié de la population active étant privée de toute protection en matière de retraite, alors que des prévisions alarmantes annoncent l'épuisement des réserves financières des fonds les plus importants dans les années à venir, ce qui appelle une intervention urgente et des réformes radicales afin d'éviter une catastrophe sociale et économique potentielle.

Les données officielles publiées par le comité chargé de la réforme du système de retraite révèlent l'ampleur du défi auquel est confronté le Royaume, avec environ 54% Marocains en âge d'être actifs qui ne bénéficient d'aucune forme de couverture de retraite. Ce pourcentage élevé reflète le déséquilibre structurel du marché du travail marocain et la nature non structurée de vastes secteurs de l'économie nationale.

La population active totale au Maroc est d'environ 11 millions de citoyens, dont 3,5 millions de travailleurs dans le secteur privé organisé, 970 000 employés du gouvernement et 187 000 travailleurs dans les institutions publiques. D'autre part, environ 6,3 millions de personnes travaillent en dehors de tout système de protection des retraites, constituant le segment le plus important de la main-d'œuvre marocaine, qui dépend principalement du secteur informel.

La gravité de la situation s'accroît si l'on considère la crise financière qui menace les fonds de pension les plus importants du pays. La Caisse marocaine de retraite, l'une des plus importantes du système, risque d'épuiser ses réserves financières d'ici 2028, soit dans moins de cinq ans. Cette projection alarmante reflète l'aggravation du déséquilibre entre les recettes et les dépenses de ce fonds vital.

Bien que la situation financière du régime collectif de retraite soit relativement meilleure grâce à ses réserves, qui s'élèvent à 135 milliards de dirhams en 2021, ces réserves devraient être épuisées d'ici 2052. Ce délai relativement long ne signifie pas qu'il n'y a pas de risque, mais souligne plutôt la nécessité d'une action proactive pour éviter d'atteindre un point de non-retour.

Pour sa part, la Caisse de sécurité sociale, qui est chargée de couvrir les travailleurs du secteur privé, devrait commencer à enregistrer des déficits financiers à partir de 2038. Cette caisse joue un rôle central dans le système de retraite marocain et tout déséquilibre de ses finances aura des répercussions négatives sur des millions de citoyens et d'entreprises.

Pour relever ces défis complexes, le Comité national de réforme des retraites (CNRR) a formulé en 2013 un certain nombre de recommandations stratégiques pour sauver le système. Parmi les plus importantes de ces recommandations figurent le relèvement progressif de l'âge de la retraite à 65 ans au lieu de l'âge actuel et l'augmentation du taux de cotisation de 20% à 28% afin d'accroître les ressources financières des fonds.

La commission a également proposé de modifier le mécanisme de calcul des pensions en se basant sur la moyenne des salaires des huit dernières années d'emploi au lieu des deux dernières années seulement. Cette modification permettrait une plus grande équité et contribuerait à améliorer l'équilibre financier des fonds. Toutefois, la mise en œuvre de ces recommandations s'est heurtée à des difficultés pratiques et politiques, car elles n'ont été que partiellement appliquées, ce qui a limité leur efficacité dans la lutte contre la crise.

Le comité de réforme actuel propose une vision plus ambitieuse et plus complète du système de pension, basée sur une restructuration radicale axée sur deux pôles principaux : Public et Privé. Cette vision comprend la mise en place d'un système de base unifié qui garantit un niveau minimum de protection pour tous les citoyens, accompagné d'un système complémentaire obligatoire basé sur un système de points, ainsi que d'un système complémentaire facultatif basé sur le principe de la capitalisation.

Les nouvelles recommandations appellent également à la création d'un fonds spécial destiné à financer le processus de réforme et à assurer la viabilité à long terme du système. Ce fonds jouera un rôle central dans l'allègement de la pression sur le budget de l'État et dans le maintien de la compétitivité des entreprises marocaines sur les marchés locaux et internationaux.

Les experts économiques et sociaux s'accordent à dire que la réforme des systèmes de retraite au Maroc n'est plus une option, mais une nécessité absolue imposée par plusieurs facteurs qui se chevauchent. Tout d'abord, le niveau élevé de la dette publique de l'État, qui limite sa capacité à supporter des charges supplémentaires pour soutenir les fonds en difficulté. L'évolution démographique joue également un rôle important en compliquant la situation, car le Maroc assiste à un vieillissement progressif de sa population, avec des taux de natalité en baisse et un âge médian en hausse.

Ces changements démographiques entraînent une augmentation constante du nombre de retraités par rapport au nombre de travailleurs actifs, ce qui perturbe l'équilibre de base sur lequel reposent les systèmes de retraite par répartition. Si l'on n'intervient pas rapidement et résolument, ce déséquilibre conduira inévitablement à une aggravation du déficit social et économique au cours de la prochaine décennie, avec des risques pour la stabilité sociale et la cohésion nationale.

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